Dans quelle optique?
Pour revenir à des demandes, réduire le verbal, augmenter la prévisibilité des activités et développer l'organisation d'une tâche, de nombreux supports visuels et zones spécifiques ont progressivement été mis en place, réévalués et restructurés.
Petit rappel préalable des points forts et points faibles de Camille ou des personnes T.S.A, lesquels amènent à penser des aménagements pour pallier les déficits, tout en prenant en compte leurs forces:
- la capacité à traiter l'information visuelle ou la notion de "penseur visuel" ou de "pensée en images"
- la perception du détail et la difficulté à entrevoir l'information globale et à y donner du sens
- le défaut de planification
- les difficultés attentionnelles
- les troubles de la communication
- les difficultés dans les concepts temporels
- les rigidités cognitives et l'attachement à des routines
- les centres d'intérêts spécifiques avec la difficulté à les arrêter
- les particularités sensorielles.
Dans ce contexte, l'environnement structuré offre de comprendre - communiquer - rassurer.
Les supports visuels aident à compenser les difficultés de communication et/ou à exprimer des demandes. C'est aussi un moyen d'organiser l'emploi du temps, de maitriser le temps et de savoir à l'avance les différentes étapes qui vont se succéder dans la journée.
Avec le recul et tous les ajustements réalisés, quel que soit l'âge ou le niveau de la personne, les repères visuels rassurent et aident à la compréhension.
Les personnes avec autisme appréhendent le monde qui les entoure de manière particulière.
Les outils visuels mis en place, vont permettre de :
- réduire les angoisses,
- de rendre compréhensible et prévisible l'environnement en mettant en avant l'information importante,
- adapter pour compenser les déficits de la personne,
- développer l'autonomie.
Ces outils doivent être ajustés à la personne avec autisme. La répétition aidera leur assimilation.
L'organisation physique de l'espace
Un lieu = une fonction définie
Le fait de structurer l'espace (de travail, de jeu, de repas,...) donne des points de repères afin de mieux se situer dans les différents endroits (un lieu = une fonction définie).
- Chaque activité a son espace délimité.
- Des repères visuels permettent d'identifier des espaces.
- Les sources de distraction sont réduites pour permettre à Camille de rester attentive.
- Zones de travail autonome stratégiques pour pouvoir surveiller facilement Camille, la rendre autonome tout en intervenant rapidement.
- Anticiper le déroulement de l'activité en préparant le matériel à l'avance.
Indices visuels; espace de travail autonome centralisé entre la cuisine et l'espace de vie
1. Espace de travail
Cet espace a été agencé de façon à être le plus fonctionnel possible et me permettre d'avoir à disposition le matériel à proximité. Camille est tès rapide, le matériel doit donc être préparé au préalable pour éviter qu'elle ne se lève entre deux activités.
Toutes les pochettes de travail sont classées par domaine et sous-domaines d'apprentissage et disponibles à ma gauche. Derrière Camille, sont rangés de nombreux jeux et activités par catégories : puzzles en autonomie, puzzles en duo (100 pièces et plus), jeux, activités sur la découverte du monde...
Les distracteurs sensoriels y sont minimés, dans la mesure du possible.
Sur la table de travail, figure une bannette avec le picto "fini" où sont rangées les activités au fur et à mesure de leur réalisation, son classeur de travail PECS pour les demande, ainsi deux réglettes de travail pour visualiser le nombre d'activités et formuler des demandes: aide, travail, fini, toilettes.
2. Espaces de travail autonomes
2 espaces de travail ont été aménagés à l'étage et au rez-de-chaussée. Initialement installé dans sa chambre, il a été déplacé dans une autre pièce car Camille associait systématiquement sa table de travail au travail en autonomie, malgré l'agencement différent de la table.
(Cf. Développer l'autonomie au quotidien)
A l'étage, les panières, désormais situées face à elle, rendent fonctionnel le travail en autonomie. Elles indiquent la somme de travail à réaliser (3).
Sur chaque espace de travail, le picto Travail en autonomie permet d'identifier sa fonction.
Un fauteuil plus confortable que le tabouret a été disposé à l'étage pour une meilleure assise et contenance.
Toutes les activités proposées sont acquises et maîtrisées et tiennent comte des ses intérêt, compétences et de sa capacité d'attention et de concentration.
Les aides visuelles lui permettent de :
- repérer ce qu'elle doit faire
- être suffisamment explicites pour qu'elle comprenne comment elle doit le faire
- identifier le début et la fin de l'activité.
- développer ses aptitudes de travail (organisation, ordre, achever les activités, ne pas défaire ses activités pour vérification du travail produit)
2 espaces de travail autonomes situés à l'étage et au rez-de-chaussée permettent d'occuper Camille
3. Espace jeux : poupées...
Des pictos ont été fixés sur sa tour de rangement de vêtements de poupées pour y indiquer le type de vêtements ou d'accessoires. Un espace perles a également été crée.
4. Espace beauté
Cet espace permet à Camille de s'asseoir pour se coiffer, être coiffée, prendre soin d'elle. Tous les classeurs de communication (excepté celui du travail et du quotidien) sont à disposition dessous.
Des panières indiquent les éléments à trouver : massage, coiffure, maquillage.
Plusieurs séquentiels sont à disposition pour l'hygiène personnelle et la pose de vernis avec son classeur de beauté et d'hygiène personnelle pour choisir les couleurs.
5. Espace cuisine
C'est le lieu d'enseignement des activités domestiques pour :
- la confection des repas
- la mise en place du couvert
- le linge.
Cf. Autonomie domestique
Différents séquentiels sont utilisés pour réaliser ces activités.
La structuration du temps
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Le fait de pouvoir visualiser concrètement le temps qui passe permet à Camille de mieux comprendre le déroulement des différents événements, de pouvoir anticiper les changements d'activités et de lieux, et donc de limiter les angoisses produites par le manque de repères.
Après de nombreux essais, l'emploi du temps est mobile et transportable, sous la forme d'une bande d'action, ce qui me permet de l'avoir en permanence avec moi et de le lui présenter. Pour des activités en extérieurs, comme ici le cheval, je peux le fixer à ma ceinture.
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Il décrit la demi-journée (pour éviter de donner l'information trop tôt et de créer des fixations).
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Pour le reste, des séquences sont à disposition pour faire des choix d'activités, visualiser l'ordre des activités.
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Une pince à linge qui se déplace permet de situer l'activité en cours.
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Pour les activités qui n'ont pas de fin bien définies ou pour l'attente (d'une personne), le timer est utilisé.
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Un emploi du temps hebdomadaire sera introduit à la rentrée avec les notions d'hier, d'aujourd'hui et de demain.
Exemple de séquentiels pour l'autonomie quotidienne aidant à planifier
- Les vêtements à mettre sont indiquer dans l'ordre avec toutes les étapes et un jeton est positionné à chaque succès.
- Seules les actions que Camille oublie de réaliser sont sélectionnées.
- Deux informations sont sélectionnées permettant d'associer l'action et l'objet utilisé.
- Panneaux d'affichage dans toutes les pièces pour pouvoir communiquer lorsque le classeur est resté, par exemple, à l'étage ou au rez-de-chaussée.
Pour résumer, toute cette structuration visuelle et ces repères permettent de répondre aux questions : combien de temps? Comment? Quand? Avec qui? Où? Et après?. Ce qui a pour effet de réduire l'anxiété, prévenir les troubles du comportement, développer l'autonomie.